Café Kanal 16/04/2013 19:00
Mixité sociale et/ou mobilité sociale ?
resto Les Uns et Les Autres - rue Comte de Flandre 13 - 1080 Brussels
Ces 20 dernières années, la politique de rénovation urbaine à Bruxelles a fortement été orientée vers la création d'une mixité sociale en attirant une certaine classe moyenne. Récemment, de plus en plus de voix s'élèvent avec la demande d'investir prioritairement dans l'augmentation de la mobilité sociale des habitants des quartiers. Allons-nous continuer à parler de quartiers à problèmes ou allons-nous tout miser sur les possibilités ? Parlons-nous à présent de zones de transition ou de quartiers d'arrivée où les nouveaux arrivants ont une chance d'acquérir une place dans la société ? Quelles sont les ambitions et les réussites des habitants actuels ? Comment peuvent-elles se réaliser ? Où sont les exemples et les figures emblématiques ? Comment participons-nous à la création d'une nouvelle classe moyenne urbaine à partir de la population actuelle ? Comment pouvons-nous la relier à la ville ? Comment présentons-nous un agenda de développement social ? Comment développons-nous, sur ce plan, une intervention sociale, économique et physique ?
REPORT (photos sur flickr)
INTRO
Emmanuelle Lenel Université Saint-Louis - Bruxelles / Centre d'études sociologiques
La mixité sociale est présentée comme une image idéale de société dite « cohésive », plurielle, multiculturelle. La mixité sociale est devenue une finalité en soi, un remède aux problématiques que connaissent certains quartiers, parfois lieux de concentration des indicateurs de précarités, des exclusions, ... Les recherches d'Emmanuelle Lenel pointent pourtant la mixité sociale comme une idée qui euphémiserait le problème social. Une solution brandie par le politique pour faire "passer" certaines actions sur la ville. Certains dispositifs n'auraient en effet aucun objectif de mixité sociale mais en légitimerait l'action...
Lire son art. « La mixité sociale dans l'action publique urbaine à Bruxelles. Projet ou langage politique ? »
Stijn Oosterlynck Universiteit Antwerpen - Centre on Inequality, Poverty, Social Exclusion and the City
La politique de mixité serait issue d'une peur de voir une concentration toujours plus grande de certains groupes dans certains quartiers La mixité est aussi perçue comme le garant d'une stabilité d'un quartier. Dans les discours, on entend souvent que la mixité sociale permet aux populations d'évoluer dans des réseaux sociaux plus variés, de se nourrir de nouveaux modèles rencontrés au coin de sa rue, que les contacts individuels permettent une meilleure cohésion sociale. Pourtant, une proximité physique n'est certainement pas suffisante pour créer de réels contacts. Les actions visent souvent à attirer de nouveaux habitants et sont rarement orientées vers la population en place. Les actions induisent souvent une augmentation des loyers, facteur indirect de répression sociale …
Lire son art. « Over zin en onzin van sociale mix : 'Gebruik middenklasse niet als buffer' »
TEMOIGNAGES & REVES
Nordine Ben Ghanem Belge, originaire de Saint-Josse, professeur dans une école à discrimination positive et membre de l'Association Belge des Professionnels MusulmansMaison des Cultures et de la Cohésion Sociale A travers son expérience professionnelle, Nordine s'est rapidement rendu compte de l'image négative que de nombreux jeunes avaient d'eux-même. Souvent, ces jeunes sont d'abord reconnus pour leurs origines et leur quartier d'appartenance. En découle une absence de sentiment d'appartenance qui augmente la difficulté à se faire une place dans la société. Nordine a voulu leur redonner espoir en créant un pont entre ces jeunes et un réseau de professionnels à travers la journée Déclic.
Journée Déclic : la réussite par l’exemple La Journée Déclic vise à faciliter la rencontre entre les jeunes issus de quartiers difficiles et des « professionnels » issus des mêmes quartiers, partageant les mêmes valeurs, ayant rencontré les mêmes obstacles, mais qui ont aujourd’hui « réussi » dans leur parcours académique et/ou professionnel. journée déclic 2012
Inne Goris & Vier Winden Basisschool Projet théâtral ERGENS HIER avec les enfants de Vier Windenschool – Molenbeek – KunstenFestivalDesArts 10+11+12/05/2013
Ergens Hier est le point d’orgue d’une collaboration de longue haleine entre le Kunstenfestivaldesarts, l’artiste Inne Goris et l’école fondamentale Vier Winden à Molenbeek. Depuis plusieurs années, un groupe d’élèves y a la chance de découvrir les coulisses du monde artistique. En 2011, ils étaient membres du jury des Children’s Choice Awards. En 2012, ils ont pu observer le processus de création du spectacle Hoog Gras d’Inne Goris. Cette année, ce sont eux qui deviennent auteurs ! Pour développer un autre regard sur leur propre quartier, les élèves ont pris comme point de départ leur trajet quotidien vers et depuis l’école. Bâti sur leurs récits, leurs impressions et leurs découvertes, Ergens Hier est un spectacle entre rêve et réalité, écrit et mis en scène en collaboration avec des enfants pour un public de tout âge. Une artiste confirmée fait le choix conscient de déplacer sa pratique dans un environnement scolaire. Un engagement !
Michaël Clemeur REEL MOLENBEEK FUTURES, un projet sur les visions du futur - Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale – Molenbeek
Un projet artistique mené par Maya Van Leemput et Bram Goots où le public est invité à explorer les futurs possibles, à les rassembler, à les représenter et à les créer. Vidéo disponible sur demande auprès de Michaël Clemeur de la MCC (
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)
REACTIONS DES INVITES Antoine Crahay Cellule Rénovation urbaine - Ville durable – cabinet Evelyne Huytebroeck (Ecolo) – ministre bruxellois Ahmed el Khannous (CDH) Echevin de Molenbeek (emploi, développement économique, économie sociale, ...) & député bruxellois Elke Roex (sp.a) Echevin d'Anderlecht (enseignement, culture, jeunesse,… NL) & député bruxellois Touria Aziz Travailleur social jeunesse – D'Broej, ... Joris Tiebout CEO Abattoir, président Voka-Comité Brussel,…
CONCLUSIONS DES DEBATS
L'idéal de mixité social comme réponse aux problèmes que connaissent certains quartiers à Bruxelles est fortement ancré. Et il est souvent difficile de refonder de nouveaux concepts. Les critiques formulées à l'encontre des instruments actuels ont été entendues à travers les discours académiques.
Les idées à retenir :
On part souvent du principe que ces quartiers sont homogènes, de larges étiquettes y sont aposées. Hors, une grande diversité est déjà présente dans ces quartiers. Une image négative toujours véhiculée pour les mêmes quartiers a un effet boule de neige. Ça démotive les gens, déconstruit les initiatives. Une meilleure analyse et des actions plus ciblées seraient sans doute porteuses de meilleurs résultats.
Il faudrait pouvoir détecter les talents et leur laisser la chance de les voir s'épanouir en faisant de ces quartiers des vitrines des savoir-faire disponibles, des succès qui s'y réalisent.
Les politiques publiques devraient être revisitées. Est-il possible de repenser l'enseignement, le logement, l'économie en intégrant les problématiques que connaissent certains quartiers à Bruxelles aujourd'hui?
On peut rêver à une politique de mixité qui serait axée sur la mobilité. En France, le tram est un véritable outil de rénovation urbaine qui facilite les déplacements. Qu'en est-il de Bruxelles ?
Des actions telles que les Contrats de Quartier ont pour but de renforcer un quartier afin qu'il puisse faire face aux pressions du foncier. Les Contrats de Quartier ont amené des évolutions positives mail ils n'ont pas pour objectif de régler tous les problèmes tels que le manque de cohésion. Il serait intéressant d'intégrer la question de la mixité et de la mobilité sociale à travers les actions d'un contrat de quartier. Les Contrats de Quartier sont des outils flexibles qui sont repensés actuellement. Jusqu'à présent ils n'abordaient que très peu des questions liées aux grandes infrastructures. A l'avenir, ils devraient pouvoir prendre en compte des territoires plus vastes comme le canal ou Tour & Taxi. Si, à l'échelle de ces territoires, des équipements collectifs sont créés, comme une salle de sport, la question de la mobilité pourrait être abordée.
Favoriser un plus grand respect de l'autre, ça passe aussi par donner plus de place à la communauté musulmane. Un souk pourrait être mieux assumé Chaussée de Gand, une mosquée pourrait y être édifiée, …
L'économie doit créer de l'emploi. Ce n'est pas seulement la question de savoir ce que les jeunes ont à offrir mais aussi ce que la société peut leur offrir.
Un panel d'idées pour aller plus loin !
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